Sur la connaissance et l'apprentissage - Qi Gong les rêves du papillon

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POUR REGARDS QI ET AUTRES ARTS

"La connaissance doit être brûlée, martelée et battue comme de l'or pur.
Alors, seulement, on peut la porter comme un bijou".


Il est important de voir que le point essentiel de toute pratique spirituelle est de sortir de la bureaucratie de l'égo, c'est-à-dire de ce constant désir qu'a l'égo d'une forme plus haute, plus spirituelle, plus transcendante du savoir, de la religion, de la vertu, de la discrimination, du confort, bref, de ce qui fait l'objet de sa quête particulière. Il faut sortir du matérialisme spirituel.


Si nous n'en sortons pas, si nous en faisons notre pratique, nous nous doterons peut-être d'une vaste collection de sentiers spirituels, fort précieuse à notre avis. Nous avons tellement étudié ! Peut-être avons-nous étudié les   philosophies   occidentales  ou  les mystiques orientales, pratiqué le yoga ou même recueilli les  enseignements  de  dizaines de grands maîtres. Nous sommes accomplis car nous savons tellement de choses ! Nous sommes intimement persuadés d'avoir amassé un trésor de connaissances. Et, pourtant, à l'issue de cet itinéraire, il y a encore quelque chose à abandonner.

Ces trésors de connaissances, ces sommes d'expériences ne sont qu'un élément de la vitrine de l'ego, ils concourent à le rendre plus grandiose. Nous les affichons et, ce faisant, nous nous rassurons sur notre existence, confortable et sans risques, d'êtres «spirituels ».

En fait, nous avons simplement monté une boutique, une boutique d'antiquités. Nous avons parcouru la planète entière à la recherche de beaux objets - l'Inde, le Japon, et les contrées les plus diverses. Et, à chaque fois que nous trouvions une pièce rare, comme nous n'en découvrions qu'une à la fois, nous la trouvions belle et pensions qu'elle ornerait notre boutique. Mais, lorsque nous rentrions avec l'objet, il venait s'ajouter à notre bazar hétéroclite. L'objet n'irradiait plus aucune beauté dès lors qu'il était perdu au milieu de tant de choses merveilleuses. Il ne signifiait plus rien.

Le véritable amateur d'art n'accumule ni le savoir ni la beauté, il jouit pleinement de chaque objet. C'est un point fondamental. Si l'on apprécie réellement un bel objet, on s'identifie complètement avec lui et l'on s'oublie soi-même. Il en est de même lorsque vous voyez un film passionnant et que vous perdez la conscience d'être un spectateur. A ce moment précis, le monde n'existe plus; tout notre être se résume àcette scène du film. Voilà bien ce dont il s'agit, une complète identification avec l'objet. Alors, qu'en est-il de ce si bel objet, de cet enseignement spirituel ? L'avons-nous goûté, mâché et avalé correctement, ce simple objet de beauté, ce simple enseignement spirituel, ou bien l'avons-nous seulement considéré comme un morceau de notre collection en expansion.

Si nous considérons la connaissance comme une «sagesse antique »à amasser, nous faisons fausse route. Pour autant qu'il s'agit de la transmission des maîtres, la connaissance n'est pas traitée comme une antiquité; Le maître fait l'expérience de la vérité des enseignements, et il la transmet à l'étudiant pour l'inspirer. Cette inspiration réveille l'étudiant, de la même façon qu'avant lui son maître fut éveillé; Plus tard, l'étudiant transmettra les enseignements à un nouvel étudiant, et c'est ainsi que va le processus. Les enseignements sont toujours adaptés à l'époque. La «sagesse antique », les vieilles légendes sont une fadaise. La transmission des enseignements n'est pas le récit des contes populaires que narre le grand-père à ses petits-enfants. Ça ne marche pas de cette façon. Il s'agit d'une expérience réelle.

Dans les écritures tibétaines on trouve ceci : " La connaissance doit être brûlée, martelée et battue comme de l'or pur. Alors, seulement, on peut la porter comme un bijou". Lorsqu'on reçoit l'enseignement spirituel des mains d'un autre, on ne l'avale pas sans examen, on le brûle, on le martèle, on le bat, jusqu'à qu'apparaisse la couleur brillante et digne du métal  le plus précieux. Alors, on peut le façonner et lui donner la forme que l'on veut  et le porter. Il ne fait pas imiter le maître, essayer de devenir un un double du maître. Les enseignements sont une expérience absolument personnelle jusqu'au porteur actuel de la doctrine.

Les enseignements sont un processus extrêmement vivant. Il n'y a pas d'illusion concernant l'accumulation de connaissances. On doit travailler avec son expérience personnelle. Et si les choses deviennent confuses, il n'est pas question de revenir à notre collection privée pour tâcher d'y trouver quelque confirmation ou consolation du style : « Le maître et l'enseignement sont de mon côté ». Le sentier spirituel ne va pas ainsi. C'est un chemin solitaire et individuel.


Extraits de "Pratique de la voie tibétaine" de Chögyam Trungpa


www.qigong-gard-vaucluse.fr
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